Deja six mois
Comme le temps passe vite finalement! Il y a six mois, je venais d'arriver sur le sol américain, prête pour une nouvelle aventure. C'est aussi à cette époque que j'ai commencé l'écriture de mon blog. Avec en moyenne un article par semaine, c'est le trentième que vous êtes actuellement en train de lire.
Toi, oui toi mon fidèle lecteur, après six mois d'existence, tu fais partie des six cent vingt cinq personnes qui se sont déjà connectées à mon site. Peut-être fais-tu même partie des onze personnes qui m'ont laissé un jour un commentaire à ma plus grande joie. Si ce n'est pas le cas, il est encore temps d'y remédier et d'entrer dans l'histoire de vachequirit miss statistique!
Bien, maintenant que je ne suis pas trop mal installée et que j'ai pris mes repères, je repense à mes débuts ici... Petit flashback...
Le cerveau est un organe magnifique. Mais confronté à une nouvelle langue, un accent américain totalement différent de celui que l'on vous apprend à l'école, et à un environnement pour le moins changeant, mon cerveau s'est parfois emmêlé les pinceaux.
29 septembre 2008, je me retrouve sans moyen de communication moderne. Il me faut absolument y remédier. Je suis donc en quête d'un téléphone portable. Mais où peut-on acheter ça ici? Ce n'est pas comme en Europe où il vous suffit de vous rendre en centre ville, de faire le tour des rues commerçantes et de trouver votre bonheur. Non, ici il n'y a pas de centre ville. Enfin si, un tout petit où je ne vais jamais car il n'y a rien d'autre que des boutiques vestimentaires sans intérêt. Je prends donc ma voiture de location et m'arrête à la première station essence pour me renseigner. Une charmante demoiselle m'indique un magasin en bas de l'avenue sur ma droite qui s'appelle « eighty eighty ». Du moins, c'est ce que j'avais compris. Je cherchais donc partout une enseigne portant l'inscription « 80-80 ». Et vous l'aurez compris, je ne l'ai pas trouvé parce qu'en fait l'opérateur téléphonique d'ici s'appelle: « AT&T » à prononcer avec l'accent je vous prie....
Dans le même registre, mais quelques temps plus tard. Je cherchais à assurer ma voiture. Quelqu'un peut-il me recommander une compagnie d'assurance? Oui bien sur ; mon chef me dit que je devrais aller me renseigner chez « tripplehey ». Du moins, c'est ce que j'avais compris. Mais comme je n'avais pas la moindre idée de la façon dont cela s'écrit, je lui ai demandé de me noter le nom sur un morceau de papier. Il m'a alors regardé avec des grands yeux, l'air de dire, bah c'est simple non? J'ai mieux compris son air hagard quand il m'a tendu la référence: « AAA » triple A, tout simplement!
Dernier exemple plus récent quand un collègue m'a posé une question. Surprise par ce que je venais d'entendre, je lui fais répéter. Mais non décidément je comprends ceci « we want to be free ». De manière très interrogative, je lui demande « you want to be free? ». Après une bonne rigolade, il me confirme que oui il veut être libre, mais que ce n'est pas la question. Il me disait en fait « V1 to V3 » V signifiant « version »....
Au delà de la langue, la culture m'a aussi joué des tours.
Preuve en est, mon premier paiement dans un supermarché qui a été source de difficultés. Je tends tout banalement ma carte bancaire pour effectuer le paiement, quand la caissière me demande si je veux un « cash back ». Tout naïvement, je lui réponds que je ne sais pas, si elle veut bien m'expliquer. Elle me demande en fait si je veux de l'argent. Je suis en train de faire des courses, je dois payer pour plus de 60 dollars de nourriture, et elle me demande si je veux de l'argent? Me serais-je trompée, suis-je au casino? Je lui explique que je ne comprends pas, je dois payer mes achats, pourquoi devrait elle me donner de l'argent?
Et la mon cerveau si formidable d'ordinaire fait un blocage total. Je me demande ce que ces américains ont encore inventé, je crois que mon cerveau ne veut tout simplement pas comprendre. Apres cinq minutes de discussion, la caissière capitule en me disant qu'apparemment non, je ne veux pas de cash back, si je veux bien cliquer sur NON et ce sera fini. Par la suite, j'ai enfin compris que la caisse du supermarché faisait aussi office de caisse de banque. Quand vous payez par carte vos courses, vous pouvez aussi demander à retirer de l'argent sur votre compte pour avoir du liquide. C'est ce que les américains appellent le cash back. Ça n'a rien à voir avec vos courses, c'est juste pour vous éviter d'aller à la banque. Finalement, c'est pas si bête que ça.
Six mois déjà, et j'imagine votre question. Alors, est-ce que tu aimes El Paso? J'ai déjà pensé plusieurs fois à cette question. Curieusement, si je vous réponds instinctivement, ma réponse est la suivante: NON. A contrario, si vous me demandez ce que j'aime à El Paso, alors ma réponse sera beaucoup plus étoffée.
Tout d'abord, j'adore le climat. Nous sommes le 29 mars 2009, je vous écris depuis la piscine. Il est 14h et je bronze sous une température moyenne de 26 degrés. Et même quand il fait froid ici, le ciel est bleu et le soleil brille. En d'autres termes, un régal!
Deuxièmement, quasiment tous les magasins sont ouverts le dimanche après-midi. Je sais que le débat a été relancé en France et qu'il fait polémique. Et bien moi, je vous l'dis tout de suite, je suis pour. C'est très pratique et ça crée de l'emploi... précaire j'imagine mais bon je parle en tant que consommatrice et non en tant qu'économiste. Alors oui à l'ouverture des magasins le dimanche.
Troisièmement, j'apprécie le prix de l'essence aux États-Unis. Après avoir longuement été à 29 centimes le litre, du fait de la hausse des prix il est maintenant à 39 centimes ce qui est dans tous les cas, nettement moins cher qu'en Europe! Ça tombe bien parce que je fais aussi nettement plus de kilomètres.
Enfin, et c'est indéniable, je ne cesserais jamais d'admirer les ciels d'El Paso. Si Boudin a peint les ciels du Havre, c'est certainement par ce qu'il ne connaissait pas la ville où j'habite maintenant. Sinon, je suis sure qu'il serait venu réaliser ses toiles ici. Le ciel change sans arrêt. La ville est plate vous laissant une vue imprenable sur le désert, en fond de décors, les montagnes Franklin faisant des ombres au soleil couchant. Les teintes vont du bleu à l'orange en passant par le gris et le rose. Les nuits sont étoilées, la lune brille de mille feux dans l'immensité noire de la nuit, une merveille. Afin de conclure cet article, je vous laisse admirer ce que je contemple chaque jour avec bonheur, le ciel d'El Paso.